Lima La Moderne

15 janvier 2011

Lima La Moderne

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Il fut un temps où l on parlait de « Lima l horrible », aujourd hui la capitale péruvienne a changé de visage : grattes-ciels de verre, façades refaites à neuf, jets d eau, jeux de lumière et ultime nouveauté, le Metropolitano, un bus qui file à travers la ville snobant les bouchons.

Au premier abord Lima n est pas belle et aux yeux du touriste qui vient au Pérou pour s enivrer des sommets du Macchu Picchu et des vents du Titicaca elle trouve rarement grâce. Polluée, embouteillée, tentaculaire, parfois violente, elle traìnait depuis longtemps une très mauvaise réputation. Les Péruviens eux-mêmes n y mettaient les pieds que par obligation économique ou administrative. Les Liméniens, beaucoup arrivés là à l époque du terrorisme, le sont devenus par force se sentant là un peu plus en sécurité qu ailleurs, le reste importait peu.

Mais aujourd hui que ce soit les liméniens de souche, les provinciaux adoptés ou même les expatriés, tous relèvent le torse, fiers. Lima a changé. Lima a gardé son centre historique et son quartier bohême parsemés de façades coloniales mais elles ont été réhabilitées et repeintes. Les rues se sont sécurisées avec le retour des habitants dans ces quartiers autrefois dangereux. Barranco, authentique et branchée, est devenue le repaire des artistes et bobos, signe qui ne trompe pas. Lima a vu poussé d immenses gratte-ciels regardant vers la mer et parés de lumière qui illuminent la nuit dans le très chic Miraflores. Lima a bordé ses plages d une ceinture verte, elle qui avait presque oublié qu elle était aussi une ville balnéaire.

Lima s est embellie. Elle resplendit et, sous le soleil d été (car, ici, les saisons sont inversées), cumulent les symboles de réussite et modernité comme les bourgeoises les perles à leur collier. Les filles défilent, les lunettes sont lookées, les 4×4 teintés, les téléphones dernier cris dégainés, les boutiques léchées, les terrasses bondées… Lima est bling bling comme tout nouveau riche. Mais avec un tel enthousiasme qu on ne peut pas s empêcher de sourire.

Evidemment ces quartiers chics et leurs marchés bios ne sont qu une minorité mais l embellisement, lui, est général. Lima sera moderne ou ne sera pas. Dernier en date, le Metropolitano vient à son tour contrarier les touristes avides d authentisme et ravir des citadins au bord du « transport breakdown ». Jusqu ici pour traverser la ville, il y avait le choix entre le taxi ou les combis. Le premier coùte entre 2 et 5 euros la course, le second 50 centimes. Le combi ce sont des petites camionnettes type Wolkswagen avec des crieurs annonçant les arrêts, des siéges éliminés, des passagers en sueur, des voies embouteillées qui se débouchent à coups de klaxon. Le plus? Si vous avez annoncé au crieur où vous descendiez comptant sur sdon aptitude à dominer le chaos et que vous vous endormez, il vous réveille d une tape sur l epaule. Le plus? C est populaire et l on engage la conversation facilement avec son voisin. Le plus? Ce n est pas comme chez nous.

Le petit nouveau, lui, est équipé de cartes magnétiques, tourniquets automatiques, portes vitrées coulissantes, sièges en plastique désignés, écrans qui annonçent les stations, petite musique d ascenseur… Aseptisé diront certains mais deux à trois fois plus rapide que le combi, que le taxi aussi aux heures de pointe. Une petite révolution qui doit se poursuivre sur d autres tronçons et s accompagner d un train électrique. Aux usagers qui ont enfin de la place pour s asseoir et y gagnent jusqu à une heure de temps de trajet, les crieurs et les sièges élimés ne manqueront pas.

Il y a encore un an j aurais dédaigné cette soif de vitesse, de lumières, de façades qui transforment peu à peu chaque capitale en un clone de l autre, comme j avais écrit sur la fièvre du shopping qui gagnait peu à peu toutes les couches et provinces. Mais j ai appris à connaître l orgueil péruvien et sais que plus que de soumettre il s agit de faire cohabiter, j ai appris ce que coûte l absence de modernité quand elle est quotidienne, et, surtout, je me sens fiers pour eux quand ils vous promènent, les yeux un peu ébahis, et murmurent « c est beau quand même… Dire qu il y a 20 ans ici éclataient des attentats n importe quand ».

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Commentaires

Julie
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Pour avoir essayé, bien obligée, les voyages à rallonge dans des transports de fortune avec toute la transpiration et les odeurs qui vont avec de mes compagnons de route, je dis c'est sympa une fois, mais après je vote pour le Metropolitano, le lit (même pas forcement douillet) et la douche chaude :D
‎(Mais je préfère toujours - et de loin - le silence, les arbres, la mer et la montagne :D)