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    Un Autre Pérou
      22. janv.
      2011
      Couleur Cafe
      3

      Un poco du Perou dans tes oreilles .2

      Le top 15 de ce qui fait danser les péruviens dans les discos dont je vous parlais ici.

      On les entend en boìte, dans les combis (les mini bus qui parcourent la ville), dans les magasins, grace à la radio du voisin… Bref on n échappe pas à ces 15 tubes là.

       Chaque mercedi et chaque samedi, un nouveau hit local.

      Numero Dos: la cumbia des rois locaux Hermanos Yaipen qui, avec Grupo 5, se partagent le coeur des péruviens. « Necessito un amor ».

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      18. janv.
      2011
      Couleur Cafe
      3

      Un poco du Pérou dans tes oreilles .1

      Le top 15 de ce qui fait danser les péruviens dans les discos dont je vous parlais ici.

      On les entend en boîte, dans les combis (les mini bus qui parcourent la ville), dans les magasins, grâce à la radio du voisin… Bref on n échappe pas à ces 15 tubes là.

      Chaque mercredi et chaque samedi, un nouveau hit local.

      Numero Uno : la balade romantique dont on ne se lasse toujours pas… Lancée en 2008  » Colgando en tus manos » de Carlos Bante et Marta Sanches s écoute encore, au minimum une fois par jour. Longévité espagno-venezuelienne…

      [youtube qExd-3oCTl4]

      Je sais qu on est mardi mais mon Top 15 a une semaine de retard a cause des problemes liés a l utilisation de la Vidéo… Je celèbre donc, rdv Samedi pour le n 2…

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      15. janv.
      2011
      C'est pas le Pérou!
      2

      Lima La Moderne

      DR

      Il fut un temps où l on parlait de « Lima l horrible », aujourd hui la capitale péruvienne a changé de visage : grattes-ciels de verre, façades refaites à neuf, jets d eau, jeux de lumière et ultime nouveauté, le Metropolitano, un bus qui file à travers la ville snobant les bouchons.

      Au premier abord Lima n est pas belle et aux yeux du touriste qui vient au Pérou pour s enivrer des sommets du Macchu Picchu et des vents du Titicaca elle trouve rarement grâce. Polluée, embouteillée, tentaculaire, parfois violente, elle traìnait depuis longtemps une très mauvaise réputation. Les Péruviens eux-mêmes n y mettaient les pieds que par obligation économique ou administrative. Les Liméniens, beaucoup arrivés là à l époque du terrorisme, le sont devenus par force se sentant là un peu plus en sécurité qu ailleurs, le reste importait peu.

      Mais aujourd hui que ce soit les liméniens de souche, les provinciaux adoptés ou même les expatriés, tous relèvent le torse, fiers. Lima a changé. Lima a gardé son centre historique et son quartier bohême parsemés de façades coloniales mais elles ont été réhabilitées et repeintes. Les rues se sont sécurisées avec le retour des habitants dans ces quartiers autrefois dangereux. Barranco, authentique et branchée, est devenue le repaire des artistes et bobos, signe qui ne trompe pas. Lima a vu poussé d immenses gratte-ciels regardant vers la mer et parés de lumière qui illuminent la nuit dans le très chic Miraflores. Lima a bordé ses plages d une ceinture verte, elle qui avait presque oublié qu elle était aussi une ville balnéaire.

      Lima s est embellie. Elle resplendit et, sous le soleil d été (car, ici, les saisons sont inversées), cumulent les symboles de réussite et modernité comme les bourgeoises les perles à leur collier. Les filles défilent, les lunettes sont lookées, les 4×4 teintés, les téléphones dernier cris dégainés, les boutiques léchées, les terrasses bondées… Lima est bling bling comme tout nouveau riche. Mais avec un tel enthousiasme qu on ne peut pas s empêcher de sourire.

      Evidemment ces quartiers chics et leurs marchés bios ne sont qu une minorité mais l embellisement, lui, est général. Lima sera moderne ou ne sera pas. Dernier en date, le Metropolitano vient à son tour contrarier les touristes avides d authentisme et ravir des citadins au bord du « transport breakdown ». Jusqu ici pour traverser la ville, il y avait le choix entre le taxi ou les combis. Le premier coùte entre 2 et 5 euros la course, le second 50 centimes. Le combi ce sont des petites camionnettes type Wolkswagen avec des crieurs annonçant les arrêts, des siéges éliminés, des passagers en sueur, des voies embouteillées qui se débouchent à coups de klaxon. Le plus? Si vous avez annoncé au crieur où vous descendiez comptant sur sdon aptitude à dominer le chaos et que vous vous endormez, il vous réveille d une tape sur l epaule. Le plus? C est populaire et l on engage la conversation facilement avec son voisin. Le plus? Ce n est pas comme chez nous.

      Le petit nouveau, lui, est équipé de cartes magnétiques, tourniquets automatiques, portes vitrées coulissantes, sièges en plastique désignés, écrans qui annonçent les stations, petite musique d ascenseur… Aseptisé diront certains mais deux à trois fois plus rapide que le combi, que le taxi aussi aux heures de pointe. Une petite révolution qui doit se poursuivre sur d autres tronçons et s accompagner d un train électrique. Aux usagers qui ont enfin de la place pour s asseoir et y gagnent jusqu à une heure de temps de trajet, les crieurs et les sièges élimés ne manqueront pas.

      Il y a encore un an j aurais dédaigné cette soif de vitesse, de lumières, de façades qui transforment peu à peu chaque capitale en un clone de l autre, comme j avais écrit sur la fièvre du shopping qui gagnait peu à peu toutes les couches et provinces. Mais j ai appris à connaître l orgueil péruvien et sais que plus que de soumettre il s agit de faire cohabiter, j ai appris ce que coûte l absence de modernité quand elle est quotidienne, et, surtout, je me sens fiers pour eux quand ils vous promènent, les yeux un peu ébahis, et murmurent « c est beau quand même… Dire qu il y a 20 ans ici éclataient des attentats n importe quand ».

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      12. janv.
      2011
      Couleur Cafe
      9

      Slip ou caleçon?

      Le Péruvien a choisi. Le modèle kangourou grand confort avec sa petite poche devant fait toujours recette ici. Et celui la est jaune car cela porte bonheur en cette année nouvelle. Lisez ces lignes vous en saurez bien plus sur les dessous du Pérou.

      C est sur les hauteurs de Lima, occupée à dépendre la lessive dans le quartier à la fois clame et branché de San Borja que me sont venues ces lignes… Je venais de lire celles de Ouédraogo sur les « soutiens-gorges yougou yougou », alléchées par la poésie du nom, et pliais pensivement tee-shirts après tee-shirts quand j ai compris ce qui me trottait derrière la tête: les slips kangourous du propriétaire des lieux. Tous sans exceptions étaient ces larges et confortables slips à la papa usés et bienheureux des services rendus.

      Cela m a rappelé mes débuts perplexes face à la garde-robe intime péruvienne. En tant que parisienne, j avais l habitude des boxers, ces mini shorts moulants auxquels la mode a soumis nos métrosexuels de conjoints. Les slips c était à la rigueur pour le sport ou signe d un certain manque de classe. Les slips à la papa portent ce nom car ils sont d une autre génération, celle de mon père voire de mon grand-père. Mais, ici, quand un Appolon se désape, il arbore fièrement le kangourou en coton, de couleur unie, que les générations précédentes portaient avant lui et qui n est jamais passé de mode. Le premier, ça m avait fait sourire… Depuis j inspecte les cordes à linge qui exposent l intimite de tous au regard des petites curieuses et je confirme: le kangourou a la côte.

      Ajoutons à cela le compagnon de toujours qui, lui, est bel et bien en perte de terrain, mais résiste héroïquement: le marcel blanc. Car, oui, le marcel blanc, ici, est porté sous la chemise blanche comme il se doit et sans complexes. Dans la jungle où je vis il est porté comme tee-shirt : explosion des codes, libération des moeurs.

      Je me moque mais tout cela est l héritage de générations de traditions sous-vestimentaires. Et meme si la mode évolue, dans sa grande majorité, l Appolon péruvien, mes demoiselles, se présentera à vous en kangourou et marcel. Je vous rassure, on s habitue.

      Bien, cette épineuse question du slip ou caleçon étant réglée passons au rayon féminin. Je ne me risquerai pas aux mêmes généralités car avec les différences culturelles, climatiques et l étendue du choix des dessous nous y passerions des heures. Contons donc juste la réalité que nous avons sous les yeux. Ici dans la selva, les filles, dans leur majorité, se baignent à la piscine en petit short et maillot moulant. Pudeur? Tradition? Sûrement les deux. La seule fois où j ai vu un flamboyant string rouge entrer dans l eau il appartenait sans se méprendre à une paire de fesses liméniennes, de la capitale donc branchées.

      Cependant, dans l intimité, la chair se dévoile. Dans l unique magasin de lingerie de Pichanaki, à l angle de la Place Principale, signe qui ne trompe pas sur sa prospérité, on ose. J y suis allée avec une amie française à la recherche d un string (el « hilo », le « fil » comme on dit ici), pensant que les culottes en coton XXL ou aux petits dessins naïfs seraient tout ce qu elle trouverait. Erreur, j avais jugé trop vite. Non seulement la vendeuse a déballé toute une collection de strings mais nous a aussi présenté le modèle qui fait fureur selon elle: une petite culotte de dentelle noire ouverte entre les jambes. A Paris je n en avais vu que dans les sex-shops, ici elles sont en vente dans l honorable magasin du coin de la Place Principale. Je vous laisse établir vos conclusions.

      Le décolleté n est pas en reste et, comme il fait chaud, pigeonne la nuit tombée sur les pistes de danse. Bretelles scintillantes, coques, découpes alléchantes… la chair, ici, met en appétit. De jour ou dans les plantations, il faut que ce soit sobre et pratique, mais, la nuit, toutes les folies sont permises. Et si le modèle n existe pas à l honorable magasin du coin de la Place Principale on le commande via les catalogues Avon qui se passent de mains en mains jusqu à être cornés par l usure.

      Que leurs Beaux soient en kangourou et marcel n arrête pas les coquettes. Et quelque chose me dit que cette avidité de mode et de sexy va bientôt sonner pour le macho péruvien (qui comme chacun le sait est, au final, aux ordres de sa femme) la mort de son précieux kangourou et l entrée dans l ère globalisée du métrosexuel. Heureusement vous, vous saurez ce qu il en était.

       

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      12. janv.
      2011
      C'est pas le Pérou!
      2

      Tour de passe-passe

      Je me suis absentée un long moment et ne donnais plus de nouvelles du Pérou. J avais une bonne excuse: les fêtes correspondent ici aux grandes vacances et j étais partie sur les routes vous faire humer d autres Pérou. Sauf que, quelques habiles en ont décidé autrement et m ont tout volé. Vous excuserez donc cette ponctuation hératique.

      Retour sur ce tour de passe-passe pour que vous soyez prévenus et nous continuerons l aventure normalement et sans accents.

      Je n ai pas envie que ce post soit très long. Il rappelle une réalité que nombreux péruviens déplorent sur leur pays. Le vol à la tir est une spécialité locale au même titre que le « ceviche », ce plat de poisson cru cuit au jus de citron qui fait al fierté de la Côte. Une amie expatriée à qui je racontais ma mésaventure a conclu: « quand je me suis fait voler mon sac, on m a dit: te voilà péruvienne. On m avait baptisé. » Car, ici, on vole tout le monde: les sacs par les fenêtres des voitures, les billets chiffonés dans la main qui attendaient le poinçonneur du bus, les portables collés à l oreille et évidemment les touristes à chair blanche et étourdie. Le tout se retrouve en peu de temps au marché noir et, si l expérience vous arrive trop souvent, vous aussi pour racheter à celui qui vous l a volé le modèle équivalent. Je n ai pas de statistiques et ne crois pas que le pays soit plus dangereux que ses voisins. Ici, on parle du vol librement et on le déplore publiquement. Ce sont des choses qui se passent c est tout.

      Dans mon cas ce fût rapide et sans douleur, la technique pour étourdies ou plutôt pour expatriée se pensant en terrain conquis. Auparavant j ai écumé les routes d Amérique latine sans qu il ne m arrive rien. J étais simplement attentive et c était suffisant. Là, je me sentais un peu chez moi, j ai baissé la garde et cela a suffi.

      Le scénario. Près du terminal de bus, j entre dans un restaurant populaire avec des amis, je détache mon sac de l épaule et le pose près de moi contre le mur. Un homme s approche de la table, un peu maladroit, se plante devant nous, éparpille de la monnaie au sol et demande  » c est à vous? » On nie, interloqués. A peine quelques secondes passent… L alarme de mon ami péruvien s est réveillée en premier:  » ton sac? » Disparu. Des mains habiles et discrètes s en étaient chargées alors que nous avions l attention détournée. Evidemment on a couru mais les rues étaient pleines, le groupe trois ou quatre, le « magicien » en charge de vous mettre sur une fausse piste… Le butin évanoui.

      J aurais pu aussi être victime de l autre grand classique latino: on vous éparpille des miettes, de la craie, de la glace sur votre blouson et vous signale « mademoiselle, attention vous vous ètes salie » alors qu une main fantôme se glisse de l autre còté dans votre sac à main ou ouvre le sac à dos. Il doit y en avoir d autres mais je suis allergique aux pages Faits divers…

      Ma faute à moi était d avoir dans ce sac mon appareil photo, mon mini netbook et mes papiers. J étais la proie qu il fallait.

      Cette petite anecdote pour vous expliquer mon silence et vous mettre sur vos gardes. Pour l aide que les péruviens m ont apporté toutes les fois où j étais perdue, empatouillée dans la langue ou menacé, selon eux, d être arnaquée, je ne peux pas leur en vouloir. Ils m ont juste rappelé que je n étais pas tout à fait chez moi… Ou plutôt si : ils m ont baptisé. Et en grandes pompes.

      PS: Sur les prochains posts qui, rassurez vous, n auront rien à voir, veuillez excuser la ponctuation… le temps que je m habitue au clavier QWERTY ou que je retrouve un ordinateur qui parle français.

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      31. déc.
      2010
      C'est pas le Pérou!
      3

      Une petite pièce s’il vous plaît…

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      Le Pérou est une destination très visitée et les Gringos, ces touristes à la chair blanche, sont très sollicités. Au point d’avoir l’impression que la misère s’est donné rendez-vous pour les prendre d’assaut. Je les arrête tout de suite. A Pichanaki, petite ville de la Selva, où passent 10 gringos à l’année, la mendicité existe aussi. On ne demande pas la charité qu’aux Blancs.

      Dans une vie, il est souvent donné de changer de point de vue. Il faut alors simplement savoir ouvrir les yeux. C’est ce qui m’est arrivé avec le Pérou. Débarquée moi aussi blanche, blonde, yeux bleus et sentant le dollar, je vis aujourd’hui en essayant de monter un projet associatif et touristique avec des producteurs de café dans un village perdu de la Selva Central. Rassurez-vous, je suis toujours aussi blanche et étrangère, mais je ne suis plus une touriste et surtout, ici, il n’y en a pas. Il m’est donc donné d’observer un Autre Pérou, celui des péruviens, du quotidien, de la vie qu’il faut prendre à pleines mains, loin de la manne rêvée ou providentielle que le Gringo amène collée aux semelles de ses boots Quechua.

      Parfois je me souviens, de mon ancien statut, de ce que je pensais alors, de ce que j’écoutais. A Cuzco, empire touristique au pied du Macchu Picchu, j’avais été très fière d’emmener au Bemboo, le Mac Do Local, un groupe de trois fillettes qui m’avaient arrêté dans la rue. Ici, je vois régulièrement des péruviens donner un plat de riz, un pain, aux gamins qui défilent dans le restaurant « chic » de la ville, une chifa (cuisine chino-péruvienne) à 8 soles le menu doit 2,50 euros.

      Ici je me suis souvenue que la mendicité n’était pas réservée aux grandes villes et aux bataillons blancs qui se sentent toujours agressés. A Pichanaki aussi des petites vieilles vacillantes portent des sachets de pop-corn éventés, des gamins attendent pour cirer vos chaussures et d’autres écument les quelques restaurants en vendant chocolats et bonbons ou en poussant la voix : ici, on ne tend pas juste la main, on vend toujours quelque chose. Et j’ai vu mes amis artisans qui travaillent à même le trottoir et ont eu un jour vaste ouvrir leur porte-monnaie et donner. Comme moi. Comme le voisin. Sans différence. Juste, comme dans tous les pays du monde, pour faire quelque chose, partager.

      Souvent derrière ces enfants des rues, il y a des parents, certains diront, sans le choix, d’autres sans vergogne, et donner est aussi encourager une pratique de dépendance… Certes, mais vouloir une autre solution à long terme n’empêche pas de semer quelques pièces.

      Ici aussi, il y a les musiciens avec leur guitare, flûte, sono et refrains folklores un peu kitsch. Ici aussi on leur oppose la plus parfaite indifférence, refusant même de baisser le niveau de la télévision, mais, parfois, un pied marque le rythme, un regard s’arrête et le musicien joue alors pour quelqu’un. Le chapeau tourne et au final se remplit aussi bien que dans les attrapes-touristes où le susdit touriste attrapé a toujours peur de « donner trop ».

      Il n’est pas question pour moi de faire la morale, simplement, au moment où s’achève l’année, au moment des bilans, je révisais toutes les idées passées en tête et pas encore traitées et je me suis dit que celle du changement de point de vue en était une trop longtemps laissée de côté. Quand je repars sur les routes du Pérou, remets mes habits de gringa et disperse à nouveau cette odeur de dollars, j’essaie de me souvenir que même dans les toutes petites villes la misère cherche ses bienfaiteurs. Ce n’est pas à moi qu’elle en veut, ni au symbole que je représente, elle se glisse partout et s’accroche aux manches de tous, indifféremment.

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      30. déc.
      2010
      Couleur Cafe
      7

      Le Pérou relooke Papa Noël

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      Ça faisait un petit moment que je voulais vous le présenter, Papa Noël tiré par ses lamas et bien « perucho » comme on dit ici. Revue de détails.

      Les Péruviens sont fiers de leur pays. Et même si ils sont les premiers à déplorer la corruption ou à s’excuser d’un « ici forcément ce n’est pas comme chez vous » quand ils vous ouvrent leur porte tout naturellement, rien ne peut ébranler l’âme péruvienne. Elle est ce lien étrange qui de la Côte au cœur des Montagnes réunit un peuple qui en est cent. Ce fond de valeurs commun, cette identité nationale qui rappelle un autre sujet mais semble ici relever d’une alchimie mystérieuse.

      J’étais l’autre fois au guichet de la Banque BCP quand j’ai été frappée par une apparition qui corrobore le couplet précédent… Père Noël trônait dans le fond avec un message: « Esta Navidad mas peruanos que nunca. Felices Fiestas! » : « Ce Noël, plus péruviens que jamais. Joyeuses fêtes. »

      Et voilà que mes yeux rencontrent un Père Noël, bien évidemment à la barbe blanche et en tenue de gala rouge, looké comme une fierté nationale et la hotte chargée de symboles.

      Bref passage en revue. Les rênes sont ici deux lamas galopants ornés de leurs tissus traditionnels, « mantas colorées » qui servent souvent à transporter les provisions ou les enfants sur le dos des paysannes. Son traîneau est en paille « tortora » sur le modèle des Iles Uros, ses îles flottantes du Titicaca, qui dansent en équilibre sur l’immense lac mythique. Les embarcations utilisées pour se rendre d’une île à l’autre ou sur la berge s’enroulent sur le devant comme le traîneau.

      L’homme lui-même cache sous sa barbe blanche un visage buriné. Son habit est orné de broderies traditionnelles. En lieu et place d’un chapeau en pointe il porte le « chuyo », bonnet traditionnel avec sa pointe en arrière, ses larges oreilles et ses deux pompons. Et, aux pieds il a de chaudes chaussettes en laine de lama ou d’alpaga et ses « yankees ». Je ne sais absolument pas l’orthographe du mot qui appartient décidément à l’argot péruvien mais c’est ainsi qu’on désigne les sandalettes de Père Noël: un modèle des champs, faits à partir de pneus, croisé sur le devant, inusables et symboles pour une jeune génération (les artisans des rues par exemple) de leur appartenance culturelle. Bref Père Noël est à la pointe de la revendication nationale.

      Dans sa hotte, il promène d’autres fiertés nationales. Cette petite guitare qu’on nomme « charango » et que l’on m’a toujours présenté comme bolivienne mais je ne voudrais pas me fâcher, une « zampona », cette petite flûte à deux étages, un lama en peluche, une petite poupée andine, des cadeaux soigneusement emballés dans leurs mantas traditionnelles et, si je ne m’égare, du café ou du chocolat en vrac.

      Si on considère que sur les étals de Pichanaki, les jouets à 5 soles made in China faisaient ravage et qu’une certaine demoiselle m’a commandé une Barbie Fashionista, je ne suis pas sûre que ce Père Noël ne soit pas un mensonge national de plus mais il a au moins le mérite d’exister et de m’avoir enchanté.

      Si j’en crois les journaux la foule stressée et avide de consommation s’est pressée aux étals de Lima et des grands magasins. Ici, dans notre petit bout de jungle, tout était très calme. Le soir de Noël des pétards ont éclaté à minuit et les familles ont attendu les douze coups pour se jeter sur la dinde, il y a eu quelques chants, quelques verres de vin rouge sucré et de rares cadeaux échangés sous le manteau car il n’y en a pas pour tout le monde. Tout ça s’est fini, comme toujours, sur la piste de danse de la disco locale où la foule s’agite autant sur la techno américaine que sur les rythmes de la sierra et de la selva… Fiers, je vous dis.

      Reste à regretter pour mes lecteurs mâles que Papa Noël ne soit pas davantage en habits de la jungle. Il aurait alors porté une grande robe aux motifs traditionnels, un petit chapeau rehaussé d’une plume et aurait été entouré de deux ou trois créatures dévêtues qui auraient fait osciller autour de lui leurs ceintures en graines portées au raz des hanches. Une idée pour la campagne BCP 2011. Très joyeuses fêtes à vous!

      PS: Un grand merci à l’agent BCP qui m’a « régalé » (offert) cette affiche pour que je puisse vous la montrer.

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      22. déc.
      2010
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      2

      Flonflons, Le Pérou de promo

      En ce moment tout le Pérou est sur son 31. C’est la fin de l’année scolaire et la fête pour chaque élève qui passe au grade supérieur: primaire, collège, lycée. Sortez vos costumes et robes en tulle.

      Depuis quelques semaines le Pérou est en effervescence, celle bien connue de l’approche des grandes vacances, des derniers jours de classe qui s’étirent, des regards qui se perdent en perspective de diversion… Mais, ici, on fait ça dans les formes, avec petits cartons d’invitations, buffet de petits fours, bal et tout le tralala. Car chaque année, on fête, dans chaque école, les enfants qui terminent un cycle.

      C’est ce qu’ils appellent la « Fiesta de Promocion ». Plus on est grand, plus la fête est conséquente, mais ça commence très jeune. La semaine dernière j’étais moi-même à la Fête de Promotion du petit De Niro (si si), 3 ans, qui a terminé son année au Centre de Stimulation (la crèche) et va entrer au Jardin (l’école maternelle). Une fête avec clowns , petits jeux et buffet coloré de bonbons. Une fête évidemment plus glamour dans les écoles privées de la ville que dans les lycées de campagne.

      Un cran au dessus il y a la Fiesta d’entrée en primaire, puis d’entrée au collège et, enfin, de fin de lycée. Les jeunes hommes sont en costume et cravate et les demoiselles en robes de princesse, avec tulles ondoyantes, coiffures appliquées et escarpins. De vraies jeunes mariées. De 6, 12 ou 18 ans.

      Ensuite tout est question de moyens mais la Fiesta de Promocion ne va pas sans sa table d’honneur réservée aux professeurs, sa sono pour faire danser les élégants et leurs princesses sur les rythmes de cumbia et reggaeton à la mode, son buffet de mises en bouche et son plat traditionnel: pachamanca, pollada ou parilla, larges portions de viande servies avec pommes de terre et yuca.

      Pour les plus huppés, est invité un groupe de cumbia à animer la soirée en live et chaque élève a une table réservée pour ses invités: d’une dizaine à plus de cinquante. Forcément la compétition bat son plein et comme ici on peut vous répondre « oui oui oui » en pensant « non non non » chaque élève envoie ses ambassadeurs (pères, frères, amis) jusqu’à l’ultime minute, pour être sûr que sa table soit belle et bien remplie d’invités de choix, bien mis et souriants qui, souvent, comme moi, ne connaissent ni d’éve ni d’adam l’élève en question. « Mais si enfin c’est la fille de la voisine de la cousine qui vit au coin ». Ce qui donne droit à s’asseoir à la table d’honneur, à faire de larges sourires et porter des toasts pour la réussite de la fille de la voisine de la cousine qui vit au coin » tout au long de ses études qu’on espère longues. Hips.

      Tout cela prête à sourire, d’autant que les heures passant, la Fiesta de Promocion se transforme peu à peu en fête orgiaque où la bière coule, les invités roucoulent et les petits fours disparaissent engloutis par les nombreux pique-assiettes présents. Mais, après tout, je me souviens avoir célébré mon bac toute seule dans une chambre au fin fond de l’Allemagne où j’étais partie en stage avant que ne tombent les résultats et je me demande si une robe de princesse, des parents célébrant mon intelligence à grands coups de godet et des rythmes endiablés n’auraient pas été plus à mon goût.

      La Fiesta de Promocion nous dit aussi quelque chose sur le Pérou d’aujourd’hui: la proximité, vraie ou simulée, entre les générations. Ici on fait la fête avec papa-maman, les oncles, tantes et cousins sans rechigner. La famille, symbole toujours fort, se doit d’être unie en ce jour béni de succès scolaire. Et même si on finit par abandonner dans un coin ses parents pour festoyer avec ses camardes, les générations se côtoient et partagent: succès d’un enfant et réussite des parents.

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      10. déc.
      2010
      Tendances
      22

      La Fièvre du Samedi soir

      Des John Travolta en bonnets et ponchos ? Parfaitement. Même si les « papachos », défenseurs de la culture inca, continuent de sautiller sur les rythmes folkloriques traditionnels, leurs petits-fils ont la fièvre. Coumbia, reggaeton, perreo, Un Autre Pérou, a enquêté dans les effluves des boîtes de nuit.

      Avant d’arriver au Pérou, j’en avais une image de carte postale, figée dans le temps : un paysan buriné, chaussé de son bonnet en poils de lama, flûte au bec, et poncho pour les grands froids. Cette image est vraie, elle appartient toujours au Pérou traditionnel, celui de l’Altiplano: des familles de paysans qui vivent dans des maison de pierres soufflées par les vents, de leurs quelques terres et de l’élevage de leurs « cuy », petits hamsters galopants regroupés à même le sol de la cuisine.

      Mais dans les grandes villes, Lima, la capitale, Huancayo, la moderne, Arequipa, la classique, Cusco, la pervertie, et même dans la petite Pichanaki, les jeunes péruviens laissent bonnets et ponchos à l’entrée de la boîte et roulent des hanches et des épaules comme toute l’Amérique latine.

      Bien évidemment les péruviens ne sont ni brésiliens, ni cubains, ni colombiens. Même si ils ont encore un peu de retard dans la fluidité des mouvements, ils se rattrapent dans la chaleur de la prise en mains.

      Dans une boîte classique la reine incontestée c’est la coumbia. Chansons d’amour déchirantes, rythmes de synthé, pieds qui sautillent (un deux un deux), on vous prend les mains, vous fait tournoyer, lève les mains, baisse les mains. Ici, on ne danse que par couple. Et la partenaire pour la soirée ne change pas. Attention donc à qui vous offrirez la première danse car il n’est pas coutume de passer de bras en bras à moins d’être une « gringita » (une petite blanche) dévergondée, mais nous y reviendrons.

      Un cran au-dessus il y a la salsa. D’abord réservée aux élites de bon goût liméniennes, elle creuse peu à peu son sillon dans tout le Pérou amenant avec elles ses effluves de sensualité caribéenne. La salsa n’est pas temps figures et pirouettes imposées que prétexte à un corps à corps. Un vacillement érotique. Comme un slow des temps modernes.

      Enfin une fois réchauffés, on attaque le plat de résistance : le « reggaeton » et son concurrent encore plus sulfureux, le « perreo ». Rythmes funk, paroles explicites et arrières-trains en transe. Les femelles (car c’est comme ça qu’on parle en « perreo ») devant agitent leurs popotins de haut en bas, jusqu’au sol en se frottant. Les mâles derrière labourent du bassin et simulent de petites frappes sur les fesses de leurs partenaires avec moulinets des bras. Comme une boîte péruvienne ne fonctionne pas sans un DJ au micro, le perreo est l’occasion pour le jeune homme de débrider les foules : en avant, en haut, en bas, plus fort, donne tout, oui allez…

      Le rythme s’accélère, la frénésie aussi et on constate qu‘il était dommage de cacher depuis toujours les fesses péruviennes sous ces immenses jupes à flonflons typiques. Inutile de préciser qu’ici la tenue folklorique n’est pas de rigueur. Jeans super slim, talons vertigineux, hauts à paillettes et décolletés abyssaux. Quand on sort, on est maquillées, coiffées, limées… Malgré ce qu’il paraît l’ambiance reste bon enfant. On simule, on rit, on frôle, on embrasse entre deux gorgées de bière mais ça va rarement plus loin. Une certaine réserve ou pudeur empêche les boîtes de nuit péruviennes de tourner à l’orgie. On libère les corps et la sueur, le reste est du domaine privé.

      Sauf, une exception : les villes pour touristes. A Huaraz, Cusco ou Arequipa, les règles explosent sous l’influence réelle ou fantasmée des partenaires d’un soir, les fameuses « gringitas » dévergondées. On le sait car on l’a vu à la télé (merci Hollywood!) les « gringitas » n’ont peur de rien et viennent chercher la diversion. Les Péruviens, pas bégueules, leur donnent ce qui est prévu. Quelques péruviennes s’aventurent en quête du gringo innocent mais, malheureusement pour elles, son bassin n’est pas souvent à la hauteur des péripéties prévues. Voilà donc ces créatures réduites à onduler devant des échalas touts blancs et un peu déboussolés.

      La majorité néanmoins sont des galants caramels qui courtisent les touristes. Blondes aux yeux bleus si possible, le Saint Graal de la Conquête post Inca. Les Péruviens ont compris une chose : la testostérone et le machisme à petites doses est une arme de séduction massive. Ils plantent leurs yeux bruns, saisissent une main et entraînent la partenaire de leur choix sur la piste sans autre atermoiements. Si vous dites « non », ils font ceux qui n’ont rien entendu et vous font pirouetter jusqu’à ce que vous renonciez. Pas de pause polie pour rejoindre votre verre, ils vous feront danser jusqu’à vous épuiser. Et les plus téméraires ne traînent pas : une danse, les mains au creux des fesses. Deux danse, les mains explorent les épaules, le nombril, la naissance des hanches. Trois danse, les mains s’aventurent jusqu’au décolleté et se creusent un chemin sous le jean à même la peau. Notez que pendant ce temps les jambes exécutent tous les mouvements attendus, les secousses, déhanchements et pirouettes continuent comme si après tout ces mains licencieuses n’étaient qu’un élément de plus de la chorégraphie. C’est un art et certains le maîtrisent à la perfection. Comme dirait une connaissance sans bonnet ni poncho « danser avec moi, c’est faire l’amour à la vertical ».

      La suite vous la devinerez, elle entre dans un autre genre de chorégraphies. Les « serial lovers » des pistes de danse péruviennes ont un nom : « britcheros », de l’anglais « bridge » : ceux qui séduisent dans l’espoir de traverser et exercer leurs dons sur le Vieux Continent. C’est qu’on prend vite goût aux déhanchements et les histoires d’amour tans-frontalières ne sont pas rares, du moins pour les quelques jours de la demoiselle dans la ville. Est ce qu’un bon déhanchement suffit pour avoir droit à un visa ? Là, ça ne dépend plus de votre reporter.

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      Chroniques d'une Gringa dans la jungle péruvienne

      Auteur·e

      L'auteur: Christelle BITTNER

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